/ / /

Intéressée par l'acteur et attirée par l'auteur que j'affectionne plutôt, je me rends à cette représentation sans connaître le texte : "Le tigre bleu de l'Euphrate". Juste quelques infos : le sujet tourne autour d'Alexandre LeGrand avant sa mort. Narration à la première personne, pas écrit pour le théâtre...  

Nous découvrons un décor imposant et léger à la fois. Cela a l'air d'une chambre impériale mais dans un style assez dénudé : de grands arcs en bois clair surmontant une couche rectangulaire, telle un autel. Un fauteuil majestueux, sobrement gravé d'une tête de tigre... Sur les côtés, sont disposés des instruments : percussions étranges, violoncelle... Une masse attire notre regard sur le lit : le roi semble déjà couché là, attendant l'obscurité de la salle.  

Une fois plongés dans le noir, nous apercevons une silhouette féminine, ornée d'une haute coiffe évoquant les ornements égyptiens. Elle allume de son flambeau les quelques écuelles et torches disséminées sur la scène. Une musique étrange et aérienne s'élève ensuite : frottements, tintements, cliquetis et le son si rond du violoncelle...  

Alexandre se lève : il se meurt. Il appelle la mort et veut lui faire face, la défier. Mais auparavant, il souhaite lui exposer ses conquêtes, son empire. Commence alors un dialogue à sens unique où Alexandre dévoile sa soif de pouvoir, son appétit de la gloire...Le tigre bleu apparaîtra comme son guide spirituel et lui permettra d'affronter son ultime voyage.

Sur le ton de l'ivresse, nous passerons de récits épiques d'une grande poésie à l'évocation intime et profonde d'un Alexandre paradoxalement sensible. Tout cela au rythme très subtil d'une musique actrice.

Etrangement, le guerrier le plus farouche et cruel de l'histoire se montre lucide et humble. Revendiquant ses exploits mais reconnaissant sa cruauté, sa monstruosité parfois avec effroi.

Un Alexandre qui parvient enfin à nous toucher et qui part alors dans une grande dignité.

  

 

De plus, la mise en scène, la musique, les écrans, les vidéos et le jeu des lumières forment une sorte de bulle intime malgré la grandeur du personnage. Sa solitude et ce monologue introspectif font entrer le spectateur dans la sphère personnelle de ce conquérant en fin de vie.

 

Quant au texte de Gaudé, j'y ai retrouvé la poésie épique du Roi Tsongor. Toujours une réconcialiation pour moi qui ne suis pas tournée vers ce registre. Gaudé parvient une seconde fois à me rendre sensible à des champs de bataille, à des armées s'affrontant... Une langue simple mais imagée, une alternance mesurée entre confidences et exploits permettent un voyage unique.

 

 

Partager cette page

Repost0

En cours de lecture...

Pile à Lire... PAL

Dans le désordre... des idées...

  • La bibliothèque des coeurs cabossés  Katarina Bivald

  • Paula Hawkins, "La fille du train"
  • Il faut qu'on parle de Kevin Lionel Sriver

  • L'assassin à la pomme verte Christophe Calier
  • La Délicatesse David Foenkinos
  • L'oeuvre Zola
  • Les Hauts de Hurle-Vent Emily Brontë
  • Le mystère Sherlock J-M Erre
  • Le loup des mers J. London

 

 

 

 

 

 

J'ai accompli de délicieux voyages,
embarqué sur un mot...

Honoré de Balzac

L'écriture est la peinture de la voix.
Voltaire

Créer un blog gratuit sur overblog.com - Contact - CGU -