28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 21:22


  Julien Parme, 14 ans, adolescent rêveur et amoureux est le narrateur de ce roman initiatique. En rupture avec le monde qui l'entoure, notamment sa famille, Julien fugue de façon assez spontanée. Commence alors une errance dans un Paris qu'il s'imaginait et dans ses pensées vagabondes. Sensible, âme d'écrivain en herbes, Julien s'invente une vie, un monde tout en essayant de vivre sa vie d'adolescent, ses amitiés, ses amours. Une errance qui lui permettra de mieux comprendre le monde et de trouver sa place.

 

   Un roman d'une seule voix qui fait entrer le lecteur dans la pensée et la sensibilité d'un adolescent. Florian Zeller parvient à nous faire oublier l'adulte caché derrière ce roman. Il nous rapproche de l'état d'incertitude de cet âge ingrat où l'on se pose mille questions, où l'on se cherche et où l'on aspire à un monde idéal. Le style y contribue largement par un vocabulaire spontané et parfois impulsif. Et, ce qui place davantage le lecteur en complice, en compagnon de route sont les adresses directes faites au lecteur. En effet, le narrateur nous emporte avec lui, nous demande notre avis. Nous nous trouvons alors embarqués dans cette fuite, cette errance. Nous suivons ainsi le parcours de sa pensée et son évolution. 

    Pour ma part, je me suis assez facilement laissée emporter dans cette escapage adolescente au fil des rues et des heures... Je n'ai également pas pu m'empêcher de penser au célèbre Julien Sorel de Stendhal qui poursuit aussi un idéal, qui se rebelle, qui conteste, qui rêve ... Julien Parme, plus jeune, plus innocent...mais comme une amorce de Sorel... Et Mathilde, l'amoureuse de Julien Sorel / Parme... Le nom de Parme renvoie de façon évidente à l'obsession du narrateur d'aller en Italie : pays de la romance, de l'art, de l'exotisme du sud... Nous pourrions à nouveau y voir une référence à Stendhal et sa Chartreuse de Parme où le le héros Fabrice suit également une sorte de parcours initiatique. Bien sûr, aussi bien Julien Sorel et Fabrice sont plus âgés et plus engagés politiquement en rapport avec leur contexte historique... Notre Julien Parme, lui, est plus jeune donc suffisamment préoccupé par sa petite existence et par la recherche de sa place dans ce vaste monde....  

Bref, une petite lecture qui convient tout aussi bien à des adolescents qui s'y identifieront sans aucun problème mais aussi à tout adulte qui voudrait réveiller ce qu'il a peut-être oublié de ces jeunes années tortueuses... Un roman sensible et touchant qui met le sourire aux lèvres... et qui fait faire un petit bout de chemin avec cet anti-héros.

Un petit extrait :

"Mon idée, c'était de marcher au hasard des rues. C'est comme ça, après au moins vingt minues à tourner en rond que j'ai atterri rue de la Gaîté, pas trop loin de la gare. C'est un nom terrible, je trouve. J'adore. Moi, j'aurais bien aimé habiter à cette adresse : "Julien Parme, 1, rue de la Gaîté." Ca aurait été u petit appartement que j'occuperais avec Mathilde. Et une chambre en plus au dernier étage pour que j'aille écrire. Personne n'aurait le droit d'y entrer, dans cette chambre. Y aurait juste une table, une lampe et des milliards de livres. Ce serait là, par exemple, que j'aurais composé mes plus grands romans. Et ma poésie. [...] J'en étais là de mes rêveries quand j'ai constaté que la rue de la Gaîté, en fait, elle était juste infestée de bars porno. Je vous jure. Et en plus, c'était complètement par hasard que j'étais tombée dans cette rue. Parfois, je me dis : j'ai u flair quand même. Mais j'arrivais pas à savoir ce que c'était exactement, comme genre de bars. En tous cas, dans tout le quartier, c'était la seule chose qui avait l'air vivante. Le reste était carrément sous somnifères. [...] A un moment, j'ai vu une masse informe allongée par terre. C'était une espèce de clodo, et ça m'a mis mal à l'aise de passer jsute devant lui. J'aurais préféré changer de troittoir. Mais j'ai pas eu le temps. Du coup, en passant, je l'ai bien regardé. Il était endormi, carrément enroulé dans un sac de couchage tout dégueu. Ca m'a fait de la peine. Jusqu'au moment où j'ai réalisé que j'étais un peu dans la même situation. Sérieux. Et que si ça se trouve, il avait commencé comme moi : à marcher dans la nuit sans savoir pour aller où. Ca m'a fait froid dans le dos, de me dire ça. Je vous jure."

 

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